2020

La méditation consiste à distinguer en profon­deur les aspects d'imper­ma­nence, d'insa­tis­fac­tion et d'insta­bi­lité des compo­sants de chaque instant de cons­cience, afin de com­prendre l'esprit et, de ce fait, de se libérer de l'idée erronée du “moi”, cause de toutes les souf­frances.

Essaye simplement de rester pleinement vigilant aux sensa­tions qui appa­rais­sent par les 6 portes senso­rielles :

• corps (toucher, température, démangeaisons…)
• ouïe
• vision
• odorat
• goût
• mental (pensées, attitudes, rejets, désirs, émotions…)

Vois chaque sensation non pas comme ta sensation, mais une sensation qui ne fait qu'appa­raître, et dispa­raître aussi­tôt après.

Observe le comportement de ton esprit, connais la façon dont tu nourris inuti­le­ment tes désirs, rejets et croyances.

Découvre, en ne te préoccupant que de l'ins­tant présent, comment chaque sensa­tion ou état d'esprit apparaît uni­que­ment parce qu'il y a une cause à cela. Sans cette cause, il n'appa­raît plus.

Enfin, réalise que, dans ton corps comme dans ton esprit, il n'y a rien qui soit iden­ti­fiable comme un “toi”.

La méditation, c'est comme du beurre. Un peu dure et froide au début, elle devient, avec un peu de patience, facile à tra­vailler.

Elle est riche, améliore toute chose, évite assè­che­ment et atta­che­ment. L'idéal est de bien l'étaler sur sa vie.

11h18

Mes élans artistiques débordent, je person­nalise toutes les icônes de mon smart­phone. Voilà de quoi inves­tiguer sur mes atta­che­ments pour l'es­thé­tique.

Je regarde la fin d'un documentaire sur le mode de vie des tribus primi­tives de Papouasie.

Cinq minutes de méditation.

Dix minutes de pensées.

Vingt minutes de sieste.

13h59

J'enseigne un peu de birman au jeune Allemand.

15h07

Après avoir fait quelques pas dans le bosquet, je prépare le post du lendemain, puis cause avec mon ami hollan­dais, de règles monas­tiques, de culture birmane ou de vieilles expé­riences sexuelles. Oui, entre eux, les moines adorent parler de ce à quoi ils ont renoncé !

16h31

Méditation en marche, tous ensemble, en haut du monastère. Parfois, un jus est offert.

17h30

À cette heure-ci, j'évite de laisser mes yeux traîner sur un écran. J'écoute un podcast sur la pro­gram­ma­tion des habi­tudes du sub­cons­cient.

18h15

Je pense… Je me dis qu'il serait bien de rester seulement dans l'ins­tant présent, mais je saute dans le futur ! Je songe aux trajets qui m'atten­dent, à quand et comment les faire, aux vols qu'il me faudra réserver dans quel­ques semaines.

18h37

Je marche sous les étoiles qui commencent tout juste à scin­tiller.

19h00

Tout le monde se retrouve dans la grande salle pour la médi­tation du soir. Je reste dans ma chambre, car con­cer­nant la médi­tation, la soli­tude me réussit mieux.

Je m'assieds en fermant les yeux.

Je devais d'abord esquis­ser une ou deux poses basiques de yoga, mais j'oublie presque systé­ma­ti­que­ment.

20h41

Je pose ma tête contre le mur et m'absorbe dans le monde de l'inconscience.

23h10

Je me réveille.

23h46

Je me rendors.

2h39

Je me réveille.

2h44

Je me rendors.

Fin d'une journée type

9h30

C'est l'heure du meeting. Tous ceux qui parlent l'anglais se retrou­vent autour d'une table ins­tallée au milieu d'un bosquet. Nous sommes donc deux moines euro­péens, deux laïcs euro­péens et l'abbé, un “p'tit jeune” de 47 ans, moine birman calme, humble, plein de discer­ne­ment et de curio­sité. Dans les arbres au-dessus de nous, des oiseaux multi­co­lores tiennent leur propre meeting.

J'interviens rarement, car s'il me sied d'écrire, je suis peu à l'aise à la parlotte. Mes compa­gnons ont un tas de choses passion­nantes à exprimer, narrer, dévoiler, alors je les écoute, comme une radio sur la médi­tation, les discours de Bouddha, le Zen, l'ascé­tisme, le taoïsme, le chama­nisme, la psycho­logie, la physique quan­tique, mais aussi l'ali­men­tation, la poli­tique, les fake news à propos du covid, les nano­tech­no­lo­gies, les décou­vertes scien­ti­fiques ou archéo­lo­giques les plus inso­lites, le tout agré­menté d'obser­va­tions amu­santes. Quand la discus­sion remue un peu trop les émo­tions, l'un ou l'autre ne manque pas de conclure :

• Rien ne pourra jamais être parfait. Nous ferions mieux de nous préoc­cuper de l'ins­tant présent !

10h45

Diiing… Diiing… Diiing… C'est l'heure de passer à table.

Bien sûr, après avoir mis un peu de riz et de chou-fleur dans l'estomac, j'eng­lou­tis l'assiette de fruits. Redes­cendu dans nos quar­tiers, je rends visite à un jeune Allemand qui m'offre de quoi compléter : des caca­huètes et du cacao avec du lait en poudre.

5h43

Diiing… Diiing… Diiing… Je retire mon bonnet pour en mettre un autre, que j'aime moins, mais que je mets tou­jours lorsque je me rends au milieu du monas­tère, car une dame âgée me l'a confec­tionné de ses mains, et je tiens à lui faire plaisir.

Je grimpe la pente jusqu'à la salle à manger. Ici, le petit-dé­jeuner est bien meilleur que le repas prin­cipal, alors je fais l'essen­tiel des réserves journa­lières.

6h10

Depuis peu, nous avons une bouilloire élec­trique, un luxe ! Je chauffe un peu un gobelet d'eau afin de pouvoir me laver les dents sans me glacer la mâchoire (je deviens douillet avec l'âge).

Je m'assieds et ferme les yeux. Si tout va bien, les pensées se dis­sipent comme des icebergs lors du réchauf­fe­ment clima­tique. La porte de l'esprit s'en­trouvre. Les grandes qualités, telles que la patience, le calme et la bien­veil­lance, peuvent irra­dier comme les rayons bien­fai­sants du soleil au milieu d'une journée d'hiver.

7h00

Je termine de corriger et mettre en forme le dernier post du blog, puis le mets en ligne, tandis que toute la France dort encore. Je réponds à quel­ques messages, consulte un article sur le fonc­tion­ne­ment du stress, et télé­charge un docu­mentaire sur les animaux de la forêt.

8h36

Je marche devant ma maisonnette, télé­chargeant quelques vita­mines depuis le soleil. Tantôt, je demeure dans l'ins­tant présent, tantôt, je réflé­chis à mille et une choses.

J'écris ce qu'il me plairait de lire moi-même. Aussi, j'aime rester discret sur ma vie. Mon souhait d'inté­resser le lecteur étant plus fort, je vais malgré tout tenter d'es­quis­ser mon quotidien.

Il s'agit de mon emploi du temps type, mais unique­ment actuel, car d'une période à l'autre celui-ci peut varier signi­fi­ca­ti­ve­ment.

4h14

Je me réveille naturellement. Une minute plus tard, chante l'oiseau élec­tro­nique. C'est l'alarme du moine hollandais avec qui je partage la chambre. Remettant bien en place mon bonnet et mes couvertures, je médite.

Ou plus exac­tement, je prends la posture du méditant et me mets à réflé­chir sur la manière de régler tel ou tel problème technique sur l'affi­chage de mon blog. Parfois, l'esprit est moins épar­pillé, et je reste plus ou moins l'attention sur le souffle, ou sur tout ressenti, dans l'instant présent. Ou d'abord, je me rendors pour une demie-heure, avant de conti­nuer de médi­tailler un peu.

5h30

Retentit la cloche électronique. C'est mon alarme. Je sors de ma mousti­quaire pour faire dix pompes sur les genoux et dix flexions des jambes (debout). Avec le froid, il n'y a plus de moustiques, mais je garde la mousti­quaire juste pour la tempé­rature.

Le visage nettoyé, j'enfile mon châle, et j'attends la cloche – la vraie – en méditant, assis ou debout.

Il est si facile de gaspiller notre précieux temps. Si nombreuses sont les acti­vités inutiles ! Il est déjà si ardu d'employer au mieux notre temps libre, si en plus on le dépense dérai­son­na­ble­ment, on n'est pas sorti de la grande auberge de nos soucis. Le problème, c'est que l'esprit préfère toujours la distrac­tion.

Il convient donc d'être strict avec son usage du temps. On peut régu­liè­re­ment se demander si ce que l'on s'apprête à faire sera réelle­ment propice pour le long terme.

C'est normal, tant mieux s'il ne se passe rien, c'est bon pour ton énergie. Plaisant, neutre ou déplai­sant, tant que tu demeures vigilant à l'instant présent, dis-toi bien que tu ne peux pas trouver de façon plus noble et béné­fique d'employer ton temps.

Bien mieux vaut être lucide dans un envi­ron­ne­ment hostile qu'aveugle dans un envi­ron­ne­ment para­di­siaque.

Les premières retraites de méditation offrent des moments éprou­vants, mais aussi de mémo­rables extases. Plus tard, votre médi­tation tend à se faire plus monotone. Vous pouvez avoir la sensa­tion de ne plus progresser.

L'erreur fréquente est de consi­dérer qu'une bonne méditation doit nous rendre léger, que tout doit glisser comme sur du velours. Rien n'est plus faux ! C'est dans la diffi­culté, la confron­tation et l'ac­cep­ta­tion que le progrès se fait.

Oui, quand on s'absorbe en méditation pro­fonde, mais bien avant d'en arriver là, le plus gros à accom­plir est de faire face aux innom­brables aspérités de la vie quoti­dienne.

Il convient donc de veiller de près à éviter tout attache­ment pour un résultat. La stabi­lité de l'esprit (le samãdhi) viendra d'elle-même quand les condi­tions seront prêtes. Le mieux est donc de ne pas s'en préoc­cuper, mais de se focaliser seule­ment sur les condi­tions de la stabi­lité.

La méditation suit un processus simi­laire. Pendant la méditation, on endure, mais quand on arrête, on se sent mieux qu'avant, les idées sont plus claires, la sagesse se fait plus robuste.

Pour cultiver l'humilité, il convient de com­prendre que ce n'est pas une chose en soi, mais seule­ment une absence d'orgueil. De même qu'on ne peut fabriquer de l'obscu­rité, celle-ci n'étant qu'une absence de lumière. Si, une fois, vous pensez agir humble­ment, alors ceci est de l'orgueil !

La seule façon de développer de l'humilité, c'est de prendre l'habitude d'observer de façon de plus en plus détaillée toutes les parti­cules d'orgueil qui se cachent dans vos pensées. À force de les déceler, elles fini­ront par fondre d'elles-mêmes.

L'humilité est une qualité essentielle à l'épa­nouis­se­ment de la sagesse.

La meilleure façon de réduire un obstacle à la médi­tation, quel qu'il soit, est de l'ac­cepter pleine­ment avec bien­veil­lance, et de l'obser­ver directe­ment, tant qu'il persiste.

Non, tu n'observes pas le bruit, mais ta réaction à ce bruit ! Il est bien de se souvenir aussi qu'un obstacle n'est jamais extérieur, mais seule­ment inté­rieur. En effet, c'est la réac­tion de l'esprit qui fait empê­che­ment à la médi­tation. D'où l'impor­tance de s'en­traîner, quoi qu'il se produise, à ne pas rejeter, s'accro­cher, douter, s'em­baller ou s'ennuyer.

On use toute son énergie pour se remplir la tête de plaisirs.

Pourtant, rien n'est plus plaisant que d'avoir l'esprit vide.

Depuis 24 ans, j'ai passé l'essentiel de mon temps en Birmanie, et voilà à plus de 9 ans que je n'ai pas quitté le terri­toire de ce “pays des pagodes dorées”. Je vais bientôt retour­ner en Europe, et pas seule­ment parce que mon visa et mon passe­port par­vien­nent à expi­ration, mais aussi parce que je n'ai plus rien à y faire.

Cela dit, je n'ai rien à faire non plus dans mon pays ! En tout cas, l'idée de n'avoir rien à faire nulle part me plaît bien, mais si je suis encore dans ce monde, c'est bien que j'aie encore quelque chose à y faire ! Même quand on ne fait rien, on continue d'appren­dre et de com­pren­dre, et d'ailleurs encore bien plus qu'en faisant un tas de choses.

Disons que, dans la mesure où je ne ressens plus le besoin d'aven­ture, de décou­verte ou de tradition monas­tique, il me paraît plus simple et plus commode de rester parmi les miens.

Aussi, bien que j'ai renoncé à pas mal de choses, j'ai encore envie de nourri­ture un peu saine et d'un peu d'eau chaude.

Ici, dans les monastères, c'est souvent sur-cuit, trop salé, ça baigne litté­rale­ment dans l'huile (mais le pire ce sont les piments), et le riz est presque toujours froid, même en hiver. Un SDF mange mieux en France.

Même si les hivers birmans sont moins froids qu'en Europe, ils sont tout de même froids, d'autant plus qu'on est sans chauffage, ni chaussures, et rien dans l'estomac après midi. L'eau est trop froide pour la douche, et quand on se brosse les dents, aïe aïe les mâchoires !

Quand on n'a pas le choix, savoir pratiquer l'acceptation est essentiel. Sinon, lorsqu'on peut y accéder, des condi­tions physiques opti­males permet­tent un bon épa­nouis­se­ment des quali­tés inté­rieures.

3) Instant présent

À force de méditer régulièrement, l'esprit tend à rester naturellement et de plus en plus dans l'instant présent, donc plus en phase avec la réalité. De ce fait, il se trouve dans la meilleure posture pour faire face efficacement aux événements du quotidien.

L'esprit s'habituant au bien-être de l'instant présent, il n'est plus oppressé par les regrets et attachements (inutiles) du passé, ni par les inquiétudes et planifications (autant inutiles) du futur.

4) Détachement

La méditation nettoie l'esprit de ses atta­che­ments. Comment cela ? L'observation vigilante nous permet de com­prendre les choses plus en profon­deur. On perçoit donc de mieux en mieux que ces choses ne sont pas dignes d'atta­che­ment. Ainsi, on s'en détourne sans effort.

Les attachements nous font souffrir, car les choses se déroulent rarement en accord avec notre volonté. Cepen­dant, moins nous avons d'atta­che­ments et plus les choses se dérou­lent selon notre volonté. En effet, le conten­te­ment est la prin­cipale source de la satis­faction.

+) Et encore…

Bien entendu, la liste des bénéfices concrets de la méditation peut être allongée  :

• plus de bien-être
• meilleur prise de décision
• pas de dépression
• moins de fatigue
• moins de stress
• etc.

La cause principale de ces derniers points est le calme, qui confère une meilleure gestion de l'énergie et une dimi­nution des pensées inu­tiles, notam­ment les pensées néga­tives.

Vous méditez depuis des années, pas tout le temps mais assez souvent. Une fois, ou peut-être même plusieurs, vous avez eu la réflexion suivante :

• Après tout ce temps-là, je ne suis toujours pas capable de rester assis 15 minutes sans douleur, sans pensées ou sans piquer du nez. C'est même pire qu'au début. Quelle perte de temps !

Rien que de fausses impressions ! Grâce à la persé­vé­rance et à un minimum de confiance, vous dévelop­perez des avan­tages concrets qui ne feront que s'accroître. Natu­relle­ment, un mode de vie monas­tique ne contri­bue qu'à multi­plier ces avantages, qui sont de divers types.

Voici les 4 avantages concrets de la méditation qui m'appa­raissent les plus manifestes :

1) Lucidité

On voit les choses telles qu'elles sont, ou presque. Cela revient à recevoir des yeux dans un monde d'aveu­gles. Gagner en lucidité signifie réduire la confusion qui nous entoure constamment.

Clair relativement à ta perception des choses, mais le problème avec la confusion, c'est que tu ne peux pas la voir, puisque tu la prend pour la réalité !

2) Acceptation

La capacité à endurer l'inconfort et les diffi­cultés (ainsi, une diffi­culté n'en est plus vraiment une). Quelle que soit la situation, le potentiel de satis­faction s'en trouve gran­de­ment réhaussé. Aussi, l'accep­ta­tion est un terrain favo­rable à l'hu­mi­lité.

De tout ce que j'ai vu, entendu, perçu, étudié, expéri­menté et compris, l'immo­bi­lité de l'esprit est ce qu'il me paraît – et de loin – ce qu'il y a de plus béné­fique.

À la moindre pensée, au moindre senti­ment, l'esprit est en mouve­ment. C'est donc conti­nuel­le­ment le cas, en tout cas si l'on n'est pas en médi­tation pro­fonde. C'est seule­ment lorsqu'il est parfai­te­ment immobile que l'esprit peut être libre et com­prendre la réalité, ce qu'il expéri­mente, ce qu'il est. Le moindre mouve­ment inté­rieur apporte un voile. C'est la pratique du calme qui soulève ce voile, qui mène à l'immo­bilité.

Malheureusement, la plupart du temps, l'esprit a beaucoup de mal à prati­quer le calme, car il est trop attaché à la diversion : la dis­trac­tion, la curio­sité, la lecture, l'étude, la pensée, etc. Pour se rappro­cher du calme inté­rieur, il convient donc de faire pleine­ment face à ce puissant obstacle.

Un légume est inconscient. Un esprit posé et stable comme une montagne, non seulement active la plus pure énergie, mais permet aussi la plus pure vision du réel.

Pour la plupart de ceux qui m'entourent, manifes­te­ment, l'habit fait le moine. Être enroulé ou non dans une robe monas­tique fait toute la diffé­rence. Ainsi, avec l'habit reli­gieux, un singe est perçu comme un sage, et sans ce “tissu magique”, un sage est vu comme un singe.

Cela dit, un (authentique) sage n'est pas affec­té par la per­cep­tion des autres, aussi biaisée soit-elle, ni même par la déconsidération. Dans l'autre sens, un singe n'est pas gêné de se retrouver véné­ré comme un saint. Alors tout va bien (consé­quences karmiques excep­tées) !

Je voudrais être un moine (c'est-à-dire déve­lopper de nobles qualités, tout en adop­tant un mode de vie mini­ma­liste), mais sans adhérer au jeu des appa­rences, et sans cette robe archa­ïque, si peu commode, en été comme en hiver. Cepen­dant, je l'avoue, juste pour faci­liter les aspects pra­tiques, je suis encore un moine déguisé en moine.

Plus pour longtemps.

J'aspire seulement à ne plus être déguisé (ou le moins possible, car tout vête­ment peut être une sorte de dégui­sement), et à ne plus rien faire du tout. Et peut-être aussi à déguster une bonne raclette, parce que quand même, il ne faut pas exa­gérer non plus !

Le mot fait peur ? Il ne signifie pas “se contraindre” mais “ne garder que le meilleur”. Délesté du superflu, l'esprit devient clair, lucide. Il commence à expé­ri­menter un bonheur réel qui ne dépend pas de conditions.

Les restrictions concernent surtout :

• Le sommeil
• La nourriture
• Le sexe
• Le bavardage

Tu te réveilles, quand tu entends parler de restric­tion ? Ça tombe bien, car tu en as bien besoin. Et je te rappelle que mon intérêt n'est pas la popu­larité, mais de dire les choses comme elles sont et d'aller en profon­deur.

Tu ne peux pas apprendre l'italien en avalant une pilule verte blanche rouge, il y a un certain travail à accomplir. Pour la médi­tation, c'est la même chose. Et ce travail consiste surtout à ne pas faire. L'esprit n'y est telle­ment pas habitué que ne pas faire est plus diffi­cile que de faire. C'est tout l'art de la res­triction

Attention : la restriction se cultive avec douceur. On ne force rien, autre­ment on ne récolte que de la frustration. Les outils adéquats sont l'obser­vation et la réflexion. Observer vos besoins et réflé­chir régu­lière­ment à vos excès vous amènera natu­relle­ment à connaître votre dosage optimal. Pour le sommeil et la nourri­ture, vous pouvez aussi en augmen­ter la qualité (par exemple : moins de sucre).

Concernant le bavardage, vous l'éviterez seule­ment quand vous compren­drez à quel point le temps est précieux, après une certaine expé­rience de médi­tation. Quant au sexe, tout est dit ici :

Oui, il s'agit bien sûr de la vertu : l'honnêteté, la fidélité, la non-violence et la sobriété.

Beaucoup pratiquent abondamment la géné­ro­sité et toutes sortes d'autres actions bénéfiques. Cependant, leur vertu de base est plus moins entachée. Ceux-là sont comme un bateau magni­fi­que­ment aménagé, mais avec un trou dans la coque.

Il importe de le garder à l'esprit : bien mieux vaut ne rien faire, mais entre­tenir une vertu impec­cable. En outre, la médita­tion ne peut se construire signi­fi­ca­ti­vement que sur la base d'un esprit propre.

Les attachements nous emprisonnent, ils nous remplissent d'inquiétudes.

Sans eux, l'esprit est libre, vide, vacant. De ce fait, le bonheur rayonne, on apprécie pleinement l'instant présent, on se réjouit des choses les plus simples.

Il s'agit de connaître son esprit pour le comprendre, afin d'échapper à l'emprise des poisons internes. Quand on est peu enclin à la spiri­tualité, l'esprit reste très confus, mais on ne le voit pas, comme les poissons qui ne voient pas l'eau qui les entoure.

À l'état naturel, l'esprit est sauvage, il est conti­nuelle­ment balloté entre désirs et rejets.

Ce n'est qu'en le connaissant qu'on peut y voir plus clair, voire prendre le contrôle de sa vie.

S'entraîner à connaître son esprit, c'est ce qu'on appelle la méditation. Pour ce faire, il est nécessaire de nettoyer son esprit des obstacles grossiers à l'aide de la vertu. Mais cela ne suffit pas. Pour y arriver effica­ce­ment, on restreint ses désirs sen­soriels.